Libération de Michelle Martin pour bonne conduite: une nouvelle polémique sur la conditionnelle

Source Belga

Ce n'est plus qu'une affaire de temps. Michelle Martin, épouse et complice de Marc Dutroux, devrait sortir de la prison des femmes de Berkendael 14 ans, 8 mois et 27 jours après son arrestation en août 1996. Une libération qui relance le débat sur les conditionnelles pour bonne conduite. A-t-on vraiment le droit de relâcher quelqu'un qui a fait autant de mal parce qu'il s'est bien comporter en prison? Les points de vue diverges sérieusement.

Une fois de plus le débat sur la libération conditionnelle est relancé . Alors qu'il y a à peine quinze ans de cela, il s'agissait simplement d'une faveur accordée par arrêté royal (dans les faits, par le ministre de la Justice) à certains condamnés aujourd'hui c'est un droit. Depuis 2006, ce type de libération fait partie des droits qui peuvent être octroyés sous conditions aux détenus qui n'ont pas encore accompli la totalité de leur peine.

En théorie, voilà quelles sont, dans les grandes lignes, les conditions pour une demande de conditionnelle. Quatre cas distincts:

1. un non-récidiviste ,condamné à plus de trois ans de prison, peut faire valoir ce droit après avoir purgé le tiers de sa peine.
2. un récidiviste ,également condamné à plus de trois ans, devra attendre d'avoir passé les deux-tiers de sa peine en prison.
3. un condamné à perpétuité non-récidiviste devra attendre d'avoir purgé au minimum 10 ans
4. un condamné à perpétuité récidiviste (au sens légal du terme, c'est-à-dire quelqu'un qui a déjà été condamné en correctionnelle) devra attendre 16 ans, minimum.

Izuba info

Une fois la demande introduite, le Tribunal d'application des peines (TAP) prend en charge le dossier et décide s'il accorde ou non la libération. Si cette dernière est accordée, certaines autres conditions doivent encore être remplies:

- Interdiction de prendre contact avec les victimes ou les familles de ces dernières.
- Obligation de poursuivre l'indemnisation des victimes, dans la mesure des ses moyens.
- Interdiction de se rendre ou de résider dans l'une des villes où vivent/vivaient les victimes.
- Interdiction de s'exprimer dans les médias.

Source RTL Info

Si tout semble bien être géré et correctement encadré, il semblerait qu'un facteur majeur ne soit pas pris en compte: le désarrois des familles de victimes. Jean-Denis Lejeune, papa de la petite Julie, a été le premier à réagir, au micro de RTL, sur les conditions de la libération : " Lui interdire de venir dans la région de Grâce-Hollogne, pour moi c’est un peu léger comme condition. Donc j’aimerais bien en savoir un peu plus. Il faut quand même savoir qu’on remet un monstre dans la nature. C’est quand même la meurtrière de ma fille. Ma fille n’a eu aucune chance. Elle, elle avait la chance de les libérer et de les nourrir. Elle ne l’a pas fait. Pour moi, 15 ans pour quelqu’un complice de la mort d’enfant, ça me parait léger. Donc pour cela bien sûr, je ne me sens pas bien." L'avocat de Laetitia Delhez, l'une des dernières victimes de Dutroux retrouvées vivantes, a indiqué lundi qu'elle essaye avant tout de tourner la page. Sabine Dardenne, la compagne de fortune de Laetitia, a pleuré en apprenant la nouvelle, a déclaré son avocat.

Laetitia et Saine -Source Reuters

De nombreuses réactions de citoyens sont aussi parvenues par le réseau social Facebook, où le groupe, créé hier à 13h, comptait déjà 68.000 membres en fin d'après-midi. Les avis sont forts et parfois très poussés. Certains s'expriment sur leur dégoût de la justice belge, d'autres appelaient au meurtre et à la haine.


Le TAP de Mons a donné un avis favorable à la libération de Michelle Martin. On attend la conférence de presse du parquet général qui annoncera aujourd'hui, à 16h, s'il se pourvoit en cassation ou non. Dans le cas d'un pourvoit, la libération de Martin ne serait pas effective. Du moins pas tout de suite...