Source De Morgen |
Ces jours-ci, l'huissier de justice Gilbert De Wilde va avoir du boulot. Chargé de rendre une petite visite aux évêques belges, aux supérieurs des congrégations religieuses, au cardinal Danneels et au prêtre Roger Vangheluwe, il leur remettra l'assignation à comparaître lancée par 70 à 80 victimes d'abus sexuels. Selon "Le Soir": "Le Saint-Siège, administration centrale de l’Eglise catholique, et les prélats sont cités à comparaître devant la chambre civile du tribunal de première instance de Gand. Le greffe devrait fixer l’audience introductive au début du mois de septembre, mais l’affaire ne sera pas tranchée avant la clôture du volet pénal, instruit par le juge De Troy, à Bruxelles."
Les victimes plaident pour négligence fautive face aux crimes sexuels commis par des prêtres sur des enfants depuis les années 60 en Belgique. La citation (qui fait tout de même 40 pages!) fait référence au « comportement de masturbation des auteurs d’abus, les tentatives de masturbation des enfants, les expériences sexuelles orales et anales […] Le fait que des abus sexuels étaient perpétrés relativement régulièrement et à grande échelle sur les victimes était certainement connu des autorités cléricales, mais cela a été maintenu secret, entre autres suite aux directives papales contraignantes… Le sceau du secret posé sur ces abus constituait un but en soi, visant à protéger la bonne réputation de l’Eglise. ». La citation relaye aussi l’analyse du pédopsychiatre Peter Adriaenssens, qui estime que l’Eglise s’est rendue coupable de « passivité incestueuse » en se contentant de réagir aux abus par le silence, le déplacement de l’abuseur ou la négation des faits. « Les crimes pouvaient ainsi se poursuivre, et même s’étendre. »
Walter Van Steenbrugge, avocat des victimes, avait ce projet en tête depuis un certain temps et ne s'en est pas détourné. Il n'exclut pas que certaines victimes se désistent de l'action collective si elles obtiennent réparation dans le cadre du tribunal arbitral qui sera mis en place par le Parlement et l'Eglise. Mais à ce sujet, Walter Van Steenbrugge reste très prudent. "Nous ne cherchons pas le combat. Si cette juridiction présente toutes les garanties de neutralité, d’indépendance et d’impartialité et si elle répond aux attentes d’une victime, il n’y a plus intérêt à poursuivre l’action civile. Mais il est encore trop tôt pour envisager d’éventuels désistements. Les manœuvres persistantes de l’Eglise pour empêcher le juge De Troy d’exploiter les pièces saisies à l’archevêché de Malines et au domicile du cardinal Danneels n’incitent pas vraiment à lui faire confiance."
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